Login

La Confédération paysanne déverse des abeilles mortes sur le stand de Phyteis

La Confédération paysanne a déversé des sacs d’abeilles mortes sur le stand de Phyteis au Salon de l’agriculture.

Des militants de la Confédération paysanne ont déversé des sacs d’abeilles mortes sur le stand de Phyteis au Salon de l’agriculture vendredi, pour protester contre la possible réintroduction d’un « néonicotinoïde tueur d’abeilles », avant d’être évacués par la sécurité.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« Les abeilles ont Duplomb dans l’aile », pouvait-on lire sur les autocollants qu’une trentaine de militants de la Confédération paysanne ont apposé sur le stand de Phyteis, au Salon de l’agriculture ce 28 février 2025. Pour rappel, Phyteis (ex-Union des industries de la protection des plantes) est une association professionnelle composée de 18 entreprises fournisseuses de produits phytopharmaceutiques à usage agricole.

La loi Duplomb dans le viseur

Ce slogan fait référence au sénateur Laurent Duplomb (Les Républicains), un des auteurs d’une proposition de loi visant à réintroduire l’acétamipride, par dérogation pour des filières en crise. Cet insecticide appartient à la famille des néonicotinoïdes, interdits en France depuis 2018, mais autorisés ailleurs en Europe jusqu’en 2033. Votée par le Sénat, cette proposition doit être étudiée dans les prochaines semaines par l’Assemblée.

Interrogée sur Sud Radio vendredi matin, la ministre de l’Agriculture Annie Genevard a réitéré son « soutien » à la proposition, « adoptée au Sénat dans une forme qui est raisonnable et encadrée », selon elle. Certaines cultures ont besoin « d’outils de protection, c’est-à-dire des produits phytosanitaires, pour autant qu’ils ne soient pas dangereux pour la santé », a-t-elle ajouté.

« On n’a pas besoin de pesticides, on a besoin de revenus »

« Les pesticides, les paysans, les paysannes et la biodiversité en sont les premières victimes », a déclaré vendredi à l’AFP Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, citant aussi la qualité de l’eau, les riverains des cultures et « évidemment » les consommateurs. « On n’a pas besoin de pesticides, on a besoin de revenus et d’accompagnement pour en sortir », a-t-elle proclamé au micro lors de l’action.

La manifestation a été interrompue par des agents de sécurité, a constaté une journaliste de l’AFP. « On a été encerclés brutalement », a dénoncé la porte-parole après son évacuation. Deux jeunes apicultrices ont été entraînées par des policiers mobilisés sur le Salon de l’agriculture pour un contrôle d’identité. Après des discussions agitées avec des agents de sécurité, tous les militants ont été autorisés à regagner leur stand.

Le président de Phyteis et de Bayer France, Yves Picquet, a manifesté auprès de l’AFP son « grand étonnement » face à une action qualifiée de « violente » sans « tentative de dialogue ». « Nous nous inscrivons depuis longtemps dans cette dynamique de diminuer l’empreinte de la production agricole sur l’environnement », a-t-il dit.

Pour Muriel Pascal, apicultrice en Lozère, la réintroduction de l’acétamipride serait « un recul de plusieurs décennies de lutte et de progrès, qui ont fait reconnaître la dangerosité des néonicotinoïdes. L’abeille, c’est la sentinelle de l’environnement », affirme-t-elle, ajoutant qu’aucun éleveur n’accepterait de perdre 30 % de ses animaux, quand c’est le cas pour certains apiculteurs qui voient disparaître leurs colonies.

Face aux pesticides mais aussi à la concurrence du miel importé, « on ne se sent plus protégés par les institutions ni par notre interprofession » Interapi, ajoute-t-elle, affirmant que la direction de celle-ci est « verrouillée par la FNSEA », le syndicat historique. Cet argument a poussé la Confédération paysanne à annoncer vendredi son départ d’Interapi.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement